De la théorie du genre

Dans les coulisses

Reconnaître un genre littéraire, ce n’est pas forcément facile. Surtout quand on écrit des romans inclassables. J’ai eu un mal fou à cataloguer certains de mes romans, pour ne pas dire tous, par le passé.
Mais ça a changé ! Maintenant, j’écris en fonction du genre, et je n’essaie plus de le déterminer après rédaction. Même si j’aime casser les codes, au moins je sais le genre auquel appartient mon roman.
Par exemple, ma saga Les surnats d’Oceanside, c’est clair que c’est de l’urban fantasy. Quant à Pantin d’écriture, eh bien, je pensais que la première version de ce roman appartenait au genre fantastique, mais… pas tout à fait.

Une petite explication théorique s’impose, elle est de Denis Guiot, et elle est tout à fait brillante et simple à la fois. Magique ! C’est la parabole du chat.

Ce qui caractérise un genre littéraire, c’est son fonctionnement interne. Prenons un exemple. Imaginons que dans un roman, il y ait une scène où un chat demande à manger à son maître.
Si le chat se frotte et se refrotte contre la jambe de son maître, miaule à fendre l’âme, bref se comporte comme un chat ordinaire : vous êtes dans un roman relevant de la mimesis, c’est-à-dire de la littérature mimétique où la littérature mime le réel. Après, que ce soit un roman historique, psychologique, sentimental ou policier, peu importe, cela ne dépend pas du chat.
Maintenant, si le chat se met à parler pour réclamer son ron-ron, du style « Alors, elle vient ma gamelle ? J’ai la dalle, moi ! », alors là, pour sûr, vous êtes dans la littérature non-mimétique, car un chat qui parle, cela n’existe pas dans notre univers connu. Reste à savoir dans quelle branche des littératures non-mimétiques nous sommes.
Si le maître manque de défaillir de stupéfaction, se demande s’il n’est pas en train de devenir fou, si ce chat n’est pas un suppôt de Satan, etc. et que, à la fin du roman, ni le maître, ni le lecteur n’ont de réponse : vous êtes dans le Fantastique.
Si la situation est admise, banale, mais que l’auteur ne justifie absolument pas cette situation extraordinaire, vous êtes dans la Fantasy.
Mais si l’auteur a rendu plausible cette situation, par des explications sérieuses ou pseudo-sérieuses (le chat est, en fait, un extraterrestre, un robot, ou bien il a subi des manipulations génétiques), alors vous êtes en pleine science-fiction !

​Simple, n’est-ce pas ? Et tellement plus clair !

Pour Pantin d’écriture, le problème était que dans la première version, l’existence du démon était admise, même si Martin se demandait à un moment s’il n’était pas devenu fou.
Dans la version finale, ce n’est plus le cas : j’ai supprimé des scènes, j’en ai transformé plusieurs pour mettre l’accent sur le doute, et j’ai changé la fin. On peut, en terminant le roman, penser que tout était réel, mais on peut aussi penser que Martin avait « seulement » perdu la tête.
Je sais que c’est un peu risqué, car peu de romans de fantastique « pur » sont publiés à l’heure actuelle, mais j’adore les défis, alors j’espère que les retours seront positifs. 😄

Photo d’illustration : Jess Bailey

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