Philippe Labro écrit avec les tentures tirées et la lumière allumée, même en plein jour. « Je crois que tout écrivain possède des tics comme ça, des petites manies. Pourquoi ? Parce que ça l’enferme, ça lui permet de se concentrer. C’est des rites. » a-t-il déclaré.
Des rites niveau vestimentaire, parfois.
Balzac écrivait vêtu d’une robe de chambre inspirée de la robe de bure des chartreux. Il a d’ailleurs été immortalisé dans cette tenue par le sculpteur Rodin.
J’ai lu que Salinger, James Ellroy et Victor Hugo avaient en commun le fait d’écrire nu (on ne dit pas comment ils faisaient par -20 degrés…).
Il y a les manies concernant le matériel d’écriture.
John Steinbeck, quant à lui, avait besoin de douze crayons bien taillés sur son bureau avant d’écrire.
Colette, elle, n’écrivait que sur des feuilles bleues.
Écrire tout un roman sur de petites fiches, c’était la technique de Vladimir Nabokov, afin de pouvoir déplacer des paragraphes sans avoir à les raturer et les recopier.
La position, aussi, relève parfois des manies.
Truman Capote, en plus d’être superstitieux (il refusait d’écrire le vendredi), écrivait allongé, au contraire de Virginia Wolf, qui elle écrivait toujours debout.
Dans cet article de blog, je parle de ma manière de travailler. Ce que je n’ai pas révélé, ce sont mes petites manies (parce que, bien sûr que j’en ai) (bon, pas aussi bizarres que promener un homard quand je suis en panne d’inspiration – coucou Gérard de Nerval).
La première n’a rien de surprenant : la mise en page de mon manuscrit doit être bien calibrée avant de commencer la rédaction.
Texte justifié, marges, hauteur entre les lignes, aliénas.
Autant dans mes carnets de notes, c’est un peu le foutoir, autant quand je passe à la rédaction sur l’ordinateur, ça doit être propre et net (eh oui, être à la fois maniaque et bordélique, c’est possible !).
Ensuite, j’aime m’infliger des contraintes supplémentaires, en matière d’écriture. Intégrer telle phrase ou tel paragraphe, voire microrécit dans mon roman en cours, par exemple.
Ou respecter une certaine construction : dans Mosaïque de toi, il y a sept mini chapitres, dont la première phrase est identique.
La suivante vous amusera sans doute : il me faut mon petit coussin sur mes genoux.
Sans lui, je ressens comme un vide, qui me perturbe et m’empêche de me concentrer (comment ça, c’est dans ma tête ? non, non, sur mes genoux, j’ai dit, enfin, cuisses, plus précisément, et parfois même collé sur mon ventre) (haha, j’ai conscience de l’image que je renvoie, maintenant, ai-je eu une bonne idée de vous confier ça ?).
Je vous invite à lire cet intéressant article Les tics et les tocs des écrivains – bon, il date un peu (2004), mais les personnes citées sont plus de notre époque que celles dont j’ai parlé au début, et il y a plus de femmes (eh oui).
Mais ce n’est pas tout !
Outre le fait que les mots du titre se retrouvent dans le roman (soit dans la narration, soit dans un dialogue), j’aime créer des liens entre mes différents ouvrages.
Ainsi, dans Mosaïque de toi, il y a des clins d’œil à trois de mes autres titres.
Un petit aperçu des coulisses, ça vous dit ? Parce que faire des clins d’œil, c’est bien joli, encore faut-il que ce soit cohérent.
Le souci, c’est que, entre la rédaction de mes différents romans, il y a parfois quelques années. Pour être certaine que les références entre eux soient possibles, j’ai établi une ligne du temps (j’ai eu quelques frayeurs, mais j’ai pu ajuster la temporalité dans les romans pas encore parus). Voilà à quoi elle ressemble :
Mes romans, pour le moment, se déroulent entre 2015 et 2018. Certains, comme Mosaïque de toi ou Bleu du bonheur, ont des flash-backs, parfois de beaucoup d’années, mais la narration principale se situe dans notre (presque) présent.
Comme quoi, même dans l’écriture, il y a des maths !
Et vous, quelles sont vos manies au travail ?
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Photo d’illustration : aliis-sinisalu