La difficulté à trouver un bon titre de roman

Dans les coulisses

Il y a des autrices et auteurs qui ne peuvent écrire une ligne sans avoir trouvé le titre de leur roman au préalable. D’autres ne se mettent à y réfléchir qu’une fois le point final posé.
Moi, eh bien… ça dépend des fois. Je n’en ai pas besoin avant de me mettre à la rédaction. Le plus souvent, je le trouve en cours d’écriture, mais il arrive que je galère, une fois le roman terminé.

Comment trouver un bon titre ?
Pas si évident.

Il doit, évidemment, refléter le contenu. Et donc le genre (même si ce n’est pas toujours facile pour les romans atypiques). On comprend tout de suite la différence entre Nuit de passion avec un inconnu et Un cercueil pour refuge (la ressemblance, elle, tient dans le fait que les deux titres craignent, ahem, merci mon cerveau).

Que mettre en avant ? On peut révéler un élément de l’histoire, un thème, un lieu. Mais sans gâcher l’intrigue. Parce qu’on en connaît, des titres qui dévoilent sans le vouloir un twist du roman. Je pense à un titre de Bussi, que je ne citerai pas pour ne pas spoiler, qui m’a immédiatement fait comprendre le retournement de situation. Sans même lire la quatrième de couverture, rien qu’avec le titre, j’ai su (bon, j’ai aussi cette faculté assez – très – agaçante de deviner l’intrigue après quelques pages ou après quelques minutes pour les films et séries).

Le titre doit intriguer, donner envie d’ouvrir le livre, parce qu’on se demande de quoi il retourne. Je tends vers cela, et j’espère y parvenir. J’aime les titres un peu mystérieux, et poétiques. Mais il ne doit pas être trop intriguant, car il risque alors d’être incompréhensible.

Il faut qu’il soit facile à retenir, pour que les lectrices et lecteurs puissent en parler, c’est mieux de s’en souvenir. Parce que, soyons lucides, un « Oui, j’ai lu un trop cool bouquin le mois passé, mais j’ai oublié le titre, je regarderai et te dirai » ne se transforme que très rarement en « Au fait, le titre du bouquin dont je te parlais, c’est… »

Concrètement, on fait comment ? Parce que, oui, c’est bien, ces conseils, mais tu n’aurais pas une formule magique ? Bah non ! Désolée de vous décevoir.
Personnellement, si le titre n’a pas été une évidence lors de la rédaction, je prends un de mes carnets, un stylobille et je note tout ce qui me traverse l’esprit. Bon, pas n’importe quoi non plus, mais je vais y revenir.

D’abord, parlons de quand le titre est une évidence : parfois, dans le roman se trouve LA phrase, LA jolie tournure qui reflète parfaitement l’ambiance, le ton du livre. Qui donne LE titre idéal. C’est ainsi que je procède, le plus souvent.
L’abîme au bout des doigts, et Bleu du bonheur, par exemple, se retrouvent dans un dialogue. L’étreinte des vagues et Pantin d’écriture sont dans la narration. Ces mots sont venus spontanément, et j’ai tout de suite su qu’ils prendraient leur place de titre.
Il y avait toi, le roman dont j’ai commencé la rédaction l’année passée, a trouvé tout naturellement son titre (mon personnage principal s’adresse à quelqu’un).

C’est la technique que je préfère, aussi j’ai décidé, pour les romans dont je ne trouverais le titre qu’en fin de rédaction, de l’intégrer par la suite dans le récit (car oui, j’aime les contraintes d’écriture). C’est ce que j’ai fait pour Héritage captif, Mosaïque de toi et Aurore épicée.

C’est là que je dégaine un carnet et que je cogite. Cogite et cogite et cogite. Et cogite encore.
J’ai une certaine idée de ce que je veux, je cherche des synonymes, je garde un mot et y accole des adjectifs différents, jusqu’à ce qu’une association trouve résonnance en moi.

Illustration avec les deux pages de recherche pour Mosaïque de toi (et ce n’est pas le pire) :

Tous les titres raturés avant de trouver Mosaïque de toi

Un titre, c’est mieux s’il est unique. Ce qui n’est pas forcément une tâche aisée, alors qu’il y a tant d’ouvrages publiés par mois.
J’ai toujours veillé à ce que mes titres soient originaux, mais parfois, il arrive que…

Un de mes romans, écrit en 2016-2017 avait pour titre Fragments d’âmes.
À l’été 2019, j’avais lancé un appel à bêtas, pour relire, entre autres, ce roman.
Marie Kléber, autrice et blogueuse, qui participait à mon atelier Des mots, une histoire, et avec laquelle j’ai beaucoup discuté (nous avons un parcours personnel assez similaire, une même sensibilité, une même empathie) s’est proposée. Elle était intriguée par le résumé, et interpellée par mon titre. Car, grosse surprise, elle avait écrit un recueil de pensées, qu’elle avait intitulé… eh oui… Fragments d’âme (au singulier). Depuis, elle l’a autoédité.
Au départ, étant donné qu’il s’agit d’un genre tout à fait différent de mon roman, que mon titre est repris à un moment clé dans le récit, j’avais décidé de ne pas en changer. Mais ça me taraudait quand même, parce que j’aime évidemment avoir des titres qui n’appartiennent qu’à moi.

En écrivant cet article, j’ai à nouveau vérifié que mon titre n’était pas déjà utilisé. Quand j’avais fait une recherche la première fois, c’était il y a quatre ans, et aucun autre livre ne portait ce titre. Eh bien, ça a changé. Il est pris. Par un thriller, paru en 2017. Et l’autrice est aide-soignante dans un centre psychiatrique, ce qui est assez savoureux quand on sait que l’intrigue de mon roman se déroule dans une clinique psychiatrique.

Donc… Les vaillants neurones de mon cerveau ont été mis à contribution, et après six pages de titres raturés (108 titres) (eh oui, ça rigole pas), je l’ai trouvé !
Vous avez envie de le connaître avant tout le monde ? Je le dévoilerai dans  un prochain Mot de l’autrice, il n’y a qu’à vous inscrire si ce n’est pas encore fait !

J’avoue que j’ai pesté. Voilà pourquoi il ne faut pas s’attacher à un titre. Ça, et aussi parce que les maisons d’édition peuvent d’ailleurs en changer. C’est du marketing. En principe, ils savent ce qu’ils font.
Je dis en principe, car, pour L’étreinte des vagues (dont j’ai cessé la collaboration d’édition pour plusieurs raisons) (et qui sera réédité tout prochainement), des titres complètement hors propos m’avaient été proposés : adopteuntriton.com (il n’est nullement question de sites de rencontre dans ce roman), Syndrome H²O, Les gens qui s’aiment devraient savoir nager et, le pire, Aquaticus. J’étais restée éberluée devant mon écran, puis j’avais fondu en larmes.
Mais ce n’est heureusement plus qu’un mauvais souvenir.

Vous avez des idées de titres de romans qui restent à écrire ?

Cet article vous a plu et vous n’avez pas envie de rater les prochains ? Toutes les infos ici.

Photo d’illustration : Jose-Antonio-Alba-

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